I can be your Romeo \pv-Jodie

._____Wednesday . o8 : 15 a.m
| Flash-back*}

- « Devine quoi ? »

Dès la première heure de cours ce matin, Tyler avait été reçu par sa bande de « pseudo amis » avec un certain enthousiasme nullement gardé. Les garçons s’étaient empressés de lui rapporter la nouvelle de la journée, un sourire béa cloué sur leurs becs d’imbéciles heureux :

- « On vient de lire une note accroché au tableau du secrétariat : Les élèves de Seconde et de Terminale sont conviés à une heure d’initiation à l’université de New York ! Et tu sais ce que ça veut dire ? Non ? A nous toutes les filles canons du campus ! Putain, je sens qu’on va se marrer, les gars ! »

A l’annonce de la nouvelle, le sourire de chacun des garçons s’était davantage étiré et Tyler avait donné une petite tape amicale dans le dos de Tod, celui qui venait de prendre la parole, et qui était sans contester le plus dévergondé de la bande, même si pour avoir couché avec la prof d’histoire du bahut, Tyler avait terni son piédestal et se tenait à présent derrière son talon. Son tableau de chasse s’était pas mal élargit cette année mais contrairement aux autres garçons, les filles faciles n’avaient pas grande chance de terminer dans son lit… il y a tellement plus de mérite à obtenir le corps de vrais défis !

- « Hey, il paraît que t’as p’tite pucelle sera de la partie, se serait peut-être le moment pour qu’on lui arrange un coup avec un universitaire… elle va enfin se faire culbuter, mon pote ! Et grâce à qui ? Aux meilleurs de tous : Nous ! »

Avait ajouté Dean, un grand brun naïf qui avait le don de passer pour l’âne de la bande, à cause de ses réflexions toujours niaises. Aucun d’entre eux n’était assez proche de Tyler pour savoir qu’il ne tournait pas autour de la : « p’tite pucelle », comme ils l’appelaient -pour attiser une rumeur circulant sur le compte de cette fille-, par simple désir d’assouvir son penchant pour les causes les plus improbables. Elle l’attirait réellement mais pour l’instant, il devait uniquement s’agir d’un plan sexuel, aux yeux des autres, où il prouverait que le moindre de ses caprices aboutissait à un résultant dont il pouvait se vanter et qui entretenait avec efficacité sa réputation de coureur de jupon respectable, presque craint des moins téméraires de ce lycée.

- “ La ferme, Dean, si cela se trouve, elle a déjà allongé bien plus de garçons de ton espèce que toi tu ne prends de filles dans tes filets en une soirée quand tes bourré et que Jay est là pour te superviser ! ”

Avait-il sèchement répliqué, tandis que ses acolytes rigolaient nerveusement pour ne pas provoquer sa mauvaise humeur qui n’était pas spécialement commode à vivre pour tout le monde, lorsqu’elle le prenait. Jay, le foutiste distant de la bande, sans doute le plus censé, avec qui Tyler aurait peut-être une chance de se dire proche, ajouter, pour rattraper les propos offensifs de Dean, n’imaginant pas combien Tyler n’avait aucune envie d’être malsain avec Jodie :

- « T’inquiète, Ty, tu finiras bien par la mettre dans ton lit… et elle va aimer ça ! »

Tyler fit mine d’apprécier ses propos, même si en vérité, ce n’était pas vraiment ce qu’il avait envie d’entendre, m’enfin, Jay semblait le plus disposer à découvrir le poteau rose, alors autant se la jouer profil bas ce dernier et lui mentir à lui plus qu’aux autres…

._____Wednesday . o5 : o6 p.m

Tyler rattrapait à présent la porte battante noire d’un énorme amphithéâtre, remerciant le pion chargé d’accompagner le groupe d’une quinzaine d’élèves dont il faisait parti et qui venait de lui retenir la portière afin qu’il en fasse de même avec ses camarades derrière lui. L’énorme pièce, dont l’espace était principalement comblé de rangées de sièges d’un rouge vif, donnait une vue assez impressionnante sur une scène. Les murs étaient recouverts d’une moquette luxueuse, tout aussi rouge que les sièges et cette vision de confort pouvait attester du fait qu’ils n’allaient pas assister à un cours de mathématiques ou encore à un cours de langue mais à un cours de théâtre, sans doute avec les étudiants de l’université inscrits à cette option. Tant mieux, cela serait sans doute plus animé que ce que seraient contraint de supporter les autres groupes. Et puis, Tyler était dans le groupe de Jodie, il pourrait peut-être essayer de saisir l’occasion de l’épater un peu, sous les projecteurs.

Dean et Jay étaient dans son groupe et ils l’encourageaient depuis le début à obtenir Jodie. Accueillis par une professeur de théâtre visiblement très sensible, ainsi que par ses élèves habituels, ils se hâtèrent d’aller occuper en trombe les sièges les plus éloignés du premier pâté de sièges qui suffisait amplement à accueillir le groupe d’élèves. Et au passage, Tyler ne se priva d’ailleurs pas de bousculer un binoclard boutonneux à lunettes qui ressemblait à un petit collégien coincé avec sa chemise à carreaux. Il tira sur son petit nœud papillon ringard, rouge, avant de finalement rire ouvertement de lui, ses moqueries camouflées par les commentaires bruyants du reste des élèves qui prenaient place dans l’amphithéâtre. De là, ils pourraient mieux dominer le restant des élèves et Tyler pourrait tenter d’établir un moyen de communication avec Jodie qui semblait s’asseoir deux rangées devant lui… Le professeur semblait attendre de captiver plus raisonnablement l’attention des élèves avant de commencer à prendre la parole, certainement pour se présenter, et notamment pour lancer un petit exercice pratique, ou quelque chose dans le genre, car après tout, ils n’étaient pas uniquement venus là pour jouer les touristes, Tyler avait bien l’intention de participer, de la manière qui l’avantagerait le plus…

« Hé Jow ! Demain tu n’oublie pas de venir répété la danse chez moi avec les filles, parce que franchement si on foire la chorégraphie par ta faute, je sais pas ce que je te ferais ! »

« Oui Alicia... Je serais là... »

*Dans tes rêves, sans doute.*

Ce n’était tout de même pas de sa faute si elle n’aimait pas la danse. D’ailleurs, elle détestait ça, tout simplement. Et les filles de sa classe avec qui elle était sensée le faire pendant ce cycle en sport, était de vraie pimbêche qui ne pensait qu’à la popularité. Jodie n’avait nullement l’intention d’aller chez ces filles, et encore moins de se pointé en cours d’EPS le jours de la démonstration. Elles seraient seules, et ce n’était pas plus mal parce que Jodie n’était vraiment pas faite pour ça. Elle sortit de la salle de mathématique en se touchant nerveusement les cheveux et en farfouillant dans son sac à la recherche d’un objet imaginaire, faisant comme si elle était occupée pour évité que la dite Alicia ne reprenne la conversation là ou elle l’avait laissée. Elle s’arrêta devant son casier et entreprit de faire tourné les rouages du cadenas pour faire apparaître son code, celui qui ouvrirait la petite porte en acier rouge décorée d’un autocollant du groupe Butch Walker. Elle émit un petit soupire en rangeant quelques livres qu’elle trouvait inutile de gardé sur elle, et soudain, elle vit une silhouette familière s’affaissée contre le casier juste à coté d’elle. C’était son meilleur ami, Jeremy, et il tenait une feuille qu’il tenait entre ses mains, la mine déconfite alors qu’il la détaillait. Elle referma la porte de son casier en froncent les sourcils, les yeux rivés sur le petit bout de papier que le jeune homme tenait entre ses mains.

Jeremy n’était pas un garçon charmant. Du moins, physiquement. D’ailleurs, il était plutôt ingrats, il fallait l’avouer. Il avait une sérieuse poussée d’acné, et portait toujours d’hideux nœud papillon. Ses cheveux étaient toujours plaqués en arrière avec une dose époustouflante de gel, et il sentait ... le rat mort. Cela n’empêchait pourtant pas Jodie de le considérer comme son meilleur ami. Bien sur, elle faisait toujours tout pour l’invité chez elle le moins souvent, elle redoutait vraiment que sa mère ne le rencontre. Et d’ailleurs, les autres élèves du lycée commençaient à la prendre elle aussi pour une « looseuse » à force qu’elle traîne avec cet énergumène. Mais il était gentil, tellement serviable, et même drôle ! Jodie fit un petit sourire amusé lorsqu’elle l’entendit faire des remarques désobligeantes sur cette journée d’initiation à l’université. C’était ce qu’il y avait d’écrit sur la feuille, les élèves du lycée allaient être confronté à vivre une journée dans la peau des élèves de l’université, ce qui voulait dire, vivre une journée parmi eux, dans leur petit monde... Jodie était sereine face à cette épreuve, mais Jeremy... ne l’était pas, tout simplement.

« Arrête de t’en faire pour ça crâne de piaf ! De toute façon c’est trop tard, il faut y aller... »

Il n’eut pas le temps de répliquer. L’heure était écrite sur la feuille, et elle se révélait être à 17h... c'est-à-dire dans une petite heure, même pas...

~~~

L’heure avait enfin sonnée, et la jeune fille entrée dans une salle dont les couleurs de décoration se résumait au rouge : une salle de théâtre. Ce qu’elle remarqua en premier, c’était cet immense rideau bordeaux qu’elle n’avait vu que dans les films, puisqu’elle n’avait jamais fait de théâtre de sa vie. Elle ne pu rêvasser plus longtemps, les élèves derrière elle commençaient à la bousculée pour pouvoir prendre place. Ils étaient quinze personne dans un groupe, et pourtant, elle avait eu la malchance de se retrouvée avec Tyler McFarlane. Quelle haine... Jodie mit une main sur ses yeux, croyant qu’elle allait faire un malaise. Parfois, elle n’avait vraiment pas de chance. Néanmoins, ses yeux étaient attirés vers lui comme un papillon de nuit est attiré par une lampe allumée dans le noir complet, et ce qu’elle vit, la conforta un peu plus dans l’idée que ce mec était un looser de première. Il venait de pousser Jeremy, comme s’il était inférieur a lui. Elle choisit de ne rien aller dire, de peur qu’il ne la remarque et tente de commencer une conversation. De toute façon, la seule chose qu’il voulait d’elle, elle la connaissait. Lui et ses copains complètement débiles ne pensaient qu’à une seule et unique chose, le sexe. Elle émit un petit soupire d’exaspération en allant s’asseoir, deux rangée de siège devant Tyler, histoire d’être sure qu’il ne puisse pas l’embêtée et de ce fait, embêté tout le monde. Elle était assise entre deux filles aux allures hautaines, et bien qu’elle souriait pour tenter d’assouplir l’ambiance, elle n’y parvenait pas. Elle choisit donc de se tassée dans son siège, attendant que le cours de théâtre commence...

Dean mater ouvertement le professeur de théâtre qui se tenait au devant de la scène, devant la toute première rangée de sièges, attendant timidement que les élèves les plus surexcités se calme un minimum. Et d’ailleurs, le pion se racla bruyamment la gorge, essayant de faire valoir sa vocation en se faisant menaçant. Très bien imité, à croire que ce cours était fait pour lui, dommage qu’il n’ait pas du tout l’étoffe d’une star pour monter sur le devant de la scène… Jay faisait quant à lui des remarques à voix basses, exposant au reste de la bande son esprit analytique concernant cet abruti de Dean qui fantasmait sur cette femme, à peine arrivé, affalé dans son siège…

- « Dean, comment tu fais, merde ? Cette fille est une planche à pain, je peux pas croire que tu puisses la trouver canon, mec ! Mais c’est sûr qu’il faut forcément une fille influençable pour se faire avoir par ton sex-appeal, si elle était pas sensible ou n’aurait pas plus d’un gramme d’alcool dans le sang, t’es sûr qu’elle te fuirait comme la peste, t’es vraiment trop con ! »

Il le repoussa d’un coup de main énergique contre son front, amusé de le savoir aussi nul, et puis détourna son regard de ce dernier qui l’agaçait à vouloir jouer les bêtes de sexe professionnelle, alors qu’il était loin dans être une, malgré qu’il ne soit pas pire que l’autre binoclard avec son nœud papillon assorti à la tapisserie de la salle dans laquelle ils se trouvaient. Personne ne changerait jamais ce pauvre Dean, c’était à prévoir ! Il était irrécupérable et les garçons s’étaient toujours demandés s’il avait réellement réussit à coucher avec une fille, parce qu’à l’entendre parler sexe à longueur de journée, c’était à s’en interroger…

- « Bien, bonjour à tous et bienvenue dans notre cours de théâtre. Je me présente, je suis Patricia James et j’enseigne le domaine du théâtre à l’Université de New York depuis une dizaine d’années déjà. En général, mes cours se divisent en deux temps, la partie théorique, avec l’histoire du théâtre et les plus grands noms de son histoire, puis la partie pratique, avec quelques exercices où il s’agit de s’exprimer avec le corps en représentant les différents sentiments, ou encore d’improviser des situations, jouer des pièces très connues…. Et à chaque fin d’année scolaire, pour terminer en beauté, nous mettons en place un spectacle que nous présentons à l’ensemble des étudiants, aux parents et au corps enseignant, et même au personnel de l’établissement… »

Elle s’exprimait en faisant de grands gestes chaleureux, inconsciemment, peut-être, et même si Tyler avait essayé de concentrer son regard sur un point fixe pour ne pas décrocher son intérêt de ce qui se disait autour de lui, et donc de ce beau discours, trop tard, il avait vite trouver bien plus intéressant : devant lui, deux rangées plus loin, cette jeune femme à la chevelure d’un brun chocolat et qui lui tournait le dos. Il avait accosté sans politesse Jeremy qui se trouvait devant lui, un Seconde dans la même classe que Jodie, et comme s’il ne l’avait jamais méprisé, s’était servit de son regard intimidant pour le décidé à lui donner une feuille de papier et un crayon, sans même se risquer à jouer les garçons rancuniers avec lui. Il n’était pas du genre à se défendre et semblait le craindre, ce qui lui facilita nettement la tâche. Néanmoins, contre toute attente, il le remercia, alors que quelques élèves détournaient légèrement un regard interrogateur en direction de leurs bavardages au beau milieu d’explications. Cela n’avait pas duré, ils avaient continués à écouter la suite des indications que mademoiselle James leur donnait, bien que le fait de se faire remarquer ne l’avait pas tellement détourner de son but, à tord ou à raison…

Un genou appuyé contre le siège de Jeremy, juste devant lui, sans vraiment se soucier de savoir si cela le dérangeait ou non, il appuya la feuille de papier contre sa cuisse et griffonna pour armer le stylo bille dont l’encre bleu ne semblait pas vouloir cracher. La bille était usée. Jeremy était le genre à prendre la moindre parole des professeurs en note, tandis que lui, adoptait plutôt une attitude totalement feignante, voir même foutiste, face au travail. En tout, il avait dû faire ses devoirs une fois ou deux cette année, ne comptait même plus les heures de colles et de sèches, et tous les soirs étaient un soir de plus pour faire la fête. Il n’était décidément pas un élève studieux et préférait milles fois se poser au calme dans son petit appartement miteux, dont les murs étaient mal isolés -ce qui s’accordait parfaitement avec le montant du loyer misérable qui lui était demandé pour la location-, afin de gratouiller sa guitare, à l'abri des regards, enchaînant les notes pour voyager parmi ses mélodies. Sa voisine du dessous, avec qui il s’était toujours très bien entendue, malgré qu’elle soit une petite vieille de plus de quatre vingt ans, été la seule à avoir véritablement entendu sa musique. Elle avait été conquise par l’une de ses compositions. C’était depuis ce temps là, que tout les Mardi soir, il allait chez elle, pour lui jouer son morceau préféré, et était rémunéré. Avec le temps, il avait apprit à le faire par plaisir et pas uniquement pour l’argent, car de toute façon, il n’avait jamais apprit à se sentir bien grâce aux billets verts. Non, il préférait vivre au crochet des autres en attendant de pouvoir se payer mieux, et en attendant de vivre de sa musique, se contentait d’éprouver une certaine fierté en voyant la petite mémé du dessous, s’émouvoir de son petit cœur fragile, lorsque le son de ses mélodies lui émoustillait le visage. Parfois, il lui parlait un peu de sa vie, elle le conseillait, et lorsqu’elle surprenait des voisins qui, lors d’une discussion, le considérait comme étant un bon à rien sans parents, n’ayant rien de mieux à faire que de casser les oreilles de tous le monde avec sa satanée guitare, elle criait aux aguets qu’il était un petit gars bien qui avait simplement besoin d’aide et non de voisins aussi perturbés d’esprits qu’eux pour le critiquer ! Elle n’avait pas tord, car en réalité, Tyler n’a pas mauvais fond, ses fréquentations ne sont que le reflet de ce qu’il n’est pas véritablement…

Le jeune terminal tenait entres ses mains un stylo qui fonctionnait enfin correctement et écrivit, de son écriture fine et irrégulière, sur un bout de papier qu’il déchira du reste de la feuille, afin d’être économe, au cas où il devait répondre à sa dulcinée, voulant également soigneusement éviter de redemander une autre feuille à « face de boutons » :

Hey, pourquoi ont ne sortiraient pas, un soir ? Ca te dirait, au cinéma ?
Ty

Il vérifia que ni Dean, ni le reste de sa bande présente, ne se mêlent de ce qu’il avait écrit, et réfléchissa ensuite à un moyen de ne pas se faire remarquer concernant le moyen de transport du petit bout de papier, bien qu’il était bon pour ce genre de choses… ! Il coinça le petit bout de papier plié dans la barrette du stylo qui servait à l’accrocher dans une poche, par exemple, et demanda à Jeremy de la faire passer à Jodie, assise devant lui, du moins, non loin devant lui, puisque son siège était légèrement en décalage par rapport au sien. Le jeune homme s’exécuta sans broncher. Jamais on ne soupçonnerait un intellect comme lui de faire circuler des petits mots, c’était là l’avantage de finalement magouiller avec ce dernier. Il lui tapota jouissivement contre l’épaule et tel un crétin, lui chuchota au creux de l’oreille de ne surtout pas lire le mot, sinon il aurait affaire à lui, et Jay ne se priva pas de lancer un regard en coin à « face de boutons » comme pour appuyer ses propos, ce qui semblait marcher d’enfer…

On ne pouvait pas dire que Jodie était absorbée dans les paroles de mademoiselle James. Sa voix n’était vraiment pas captivante, et ses grands gestes ajoutaient du ridicule à sa présence. Mais tout était mieux que d’entendre la bande d’imbéciles deux rangée de siège derrière... Alors, elle se focalisait sur les lèvres de cette femme qui remuaient sans cesse. Elle n’entendait même plus le son de sa voix à la longue, tant elle était perdue dans ses pensées. Néanmoins, elle entendait des murmures autour d’elle, alors qu’elle sentait quelqu’un lui tapoté l’épaule. Elle se retourna vivement, une mine qu’elle voulait énervée sur le visage. Elle fronçait les sourcils lorsqu’elle vit que c’était Jeremy qui la dérangée. Pourquoi il ne s’était pas mis à coté d’elle celui là ? La main du jeune homme s’avançait lentement vers elle, il tenait un stylo bille, à première vue, entre ses doigts. Alors qu’elle continuait de fixé l’objet, il fit de petit mouvement explicite signifiant qu’elle devait prendre le stylo, il le tourna même dans l’autre sens pour qu’elle voit qu’un mot était caché dans la tige du capuchon. Jodie ne pensa même pas une seconde que ce mot pouvait venir de Tyler, mais elle se demandait vraiment comment Jeremy avait eu l’idée d’un stratagème pareille, ce n’était tellement pas son genre... Enfin, elle prit le stylo et se retourna. L’une des jeunes filles à coté d’elle la regardait de travers, d’un drôle d’air. La jeune fille tint un instant l’objet entre ses jambes serrées histoire que les autres oublie un peu qu’elle venait de recevoir quelque chose, puis, elle sortit enfin le petit bout de papier, posant le stylo sur ses genoux.

Hey, pourquoi ont ne sortiraient pas, un soir ? Ca te dirait, au cinéma ?
Ty

Elle ferma les yeux. Mon Dieu, ne comprendrait-il donc jamais ? Elle ne savait jamais quoi pensé. Tout le monde lui disait que ce garçon voulait seulement couché avec elle, qu’il ne pensait qu’à cela, et elle aussi avait finit par y croire. Néanmoins, parfois, elle se surprenait à rêver qu’il était sincère. Le papier toujours dans sa main, elle s’abaissa vers son sac duquel elle ouvrit la petite pochette du devant ou se trouvé sa trousse, ses cheveux tombant en cascade autour de son visage. Elle sentait le regard de ses voisines sur son dos, mais elle s’en fichait, si elles étaient jalouses, ce n’était vraiment pas son problème. Elle leur offrait Tyler sans problème, si elles le voulaient. Enfin, elle trouvait son stylo et elle se remit droite. Elle ouvrit le capuchon et l’accrocha à l’arrière du stylo. Pourquoi n’avait-elle pas prit le stylo de Tyler ? Ce n’était qu’une question de principe, cette chose ne servait qu’à faire le trajet entre eux deux...

Je ne serais pas intéressée, même si tu me mettais un fusil sur la tempe, met toi bien ça dans le crâne.
Jow.

Elle replia le morceau de papier et le remit dans la tige du capuchon du stylo voyageur. Peut-être y avait-elle était trop fort ? Non, il se moquait d’elle, c’était évident, surtout en présence de tous ses potes. Pourquoi un mec comme lui s’intéresserait-il à une pauvre seconde comme elle, pucelle de surcroît. Non, elle n’était définitivement pas dupe. Elle se tourna à nouveau vers Jeremy et lui mit directement le stylo dans les mains, d’un geste rageur.

« Donne ça au débile derrière toi ! »

Elle essaya de capter le regard du débile en question, mais celui-ci regardait par les fenêtres d’un air rêveur. Qu’est ce qu’il était beau... Laisse tomber Jodie, se dit-elle, il s’en fiche de toi. Comme de sa première chaussette...trouée.

En effet, le débile en question semblait avoir la tête ailleurs… Et heureusement que sa bande d’acolytes, assis tout autour de lui, ne pouvait pas l’entendre penser, car sinon, ils seraient sûrement déçu de découvrir sa vrai nature, très différente de l’étiquette de tombeur qu’on lui associait tout le temps, au lycée. Il s’était laissé aller à rêvasser que Jodie répondrait oui, pour une fois, qu’elle serait lire entres les lignes et se douter du romantisme dont il peut faire preuve. Dans son idéal, plus jamais fauché, il emmenait la jeune fille voir un film au cinéma, n’importe lequel tant qu’il ne lui déplairait pas, et puis tout deux terminer sur une plage déserte. Elle calerait l’arrière de sa tête contre son épaule lorsqu’il lui jouerait une douce mélodie, le regard portait sur les étoiles qui brilleraient de milles feux cette nuit là. Et tendrement, il irait chercher sa main… Tyler aurait pu passer pour quelqu’un d’un peu trop fleur bleue, si l’on avait pu sonder son esprit et y soutirer toutes ses pensées du moment, trouvant cela peut-être un peu pousser à l’exagération. Mais un garçon n’avait-il pas le droit d’imaginer des scénarios type d’une soirée basée sur le thème de l’épanouissement ? Contrairement à Dean, lui, au moins, pouvait puiser son adrénaline dans bien plus que de la prose prononcée devant un film pornographique, bouffé par la solitude. La poésie et la musique ont cultivé un gros morceau de sa personnalité qui ne se résume pas à courir après les filles de façon malsaine. Sa voisine du dessous, la petite mémé, souvenez vous, l’avait écouté lui toucher deux mots, à propos de ses parents, dont il ne parlait qu’en de très rares occasions qui ne se présentaient pour ainsi dire jamais. Il ne se souvenait plus pour quel raison exacte, ils avaient engagés la conversation là-dessus, et pourtant, madame Grant, lui avait dit que c’était vraiment un cadeau, pour elle, que d’avoir entendu la mélodie pour laquelle elle avait eu le coup de cœur et qui été de sa composition. Elle lui avait même confié qu’il avait parcouru un sacré bout de chemin pour avoir développé un don aussi magique, celui pour la guitare, alors que rien ne le présager vraiment, dans sa destinée, du moins pas la passion de son père pour la drogue, et sa mère qu’il avait perdue assez jeune… Cependant, il n’y a pas de bel âge pour perdre sa mère, ce passage dans la vie d’un enfant reste cruel, quelque soit l’âge et même le taux de maturité. Il se souvient qu’à l’époque, âgé de quinze ans, il avait quelque peu perdu de sa joie de vivre, et confronté à son père pour qu’il ressentait de la peine, avant que se ne soit de la haine comme actuellement, il était devenu un garçon solitaire et débrouillard, un avantage comme un gros inconvénient. Le juste milieu, bien que grandir trop vite ne soit pas toujours d’un bon ressort… Et il est facile de s’en rendre compte en regardant ses fréquentations ! Néanmoins, lui, savait pertinemment qu’aucun des garçons de sa bande, malgré qu’ils ne soient pas particulièrement intéressant, n’était méchant. Ils étaient un peu idiot, leur poil dans la main contagieux mais ils ne s’agissaient pas pour autant de délinquants.

Tyler fut tirer de sa rêvasserie par la main de Jeremy qui, contre toute attente, lui avait tapoté de fois sur la main qu’il avait laissée appuyé contre le dossier de son siège. Il arborait un sourire fier et semblait légèrement penché en avant, comme s’il avait lu ce que Jodie avait inscrit sur la feuille de papier. S’il se réjouissait, c’est que le résultat n’allait sûrement pas jouer en sa faveur. Il lui reprit sèchement le stylo des mains et déplia le bout de papier. Il s’arrangea pour que son regard paraisse inexpressif, afin que l’insensibilité qu’il montrait puisse ternir le sourire victorieux, scotché en coin des lèvres de Jeremy. Dans le fond, l’intensité avec laquelle l’impact de chacune des lettres du mot qu’il relisait mentalement, se faisait très désagréablement, comme du verre que l’on fracasse contre le sol. Il voulu soupirer pour signifier sa mauvaise humeur qui semblait faire surface mais les ronflements de Dean, affalé juste à côté de lui, le coupèrent dans son élan. Il enfonça un coup de coude dans les côtes de ce dernier et le gratifia d’une grimace lorsqu’il ouvrit les yeux pour se rappeler qu’ils assistaient à un cours de théâtre à l’université de New York, en attendant de pouvoir s’inviter à la fête d’étudiants qui se préparait sûrement et aurait lieu ce soir, s’il on en croyait les bruits de couloirs que leurs ouïe fin avaient interceptés, en arrivant…
Tyler déchira une seconde languette de papier qui se détacha de la grande feuille que lui avait fournit Jeremy, et sûr de lui, comme à chaque fois, il allait réessayer de tenter quelque chose, plus subtilement cette fois ci, en se servant de ce qu’il savait à propos de celle que l’on disait encore pucelle. Il griffonna sur le bout de papier, le capuchon du stylo qui ne lui appartenait même pas, coincé entres ses dents :

J’ai entendu dire que tu donnais des cours… intéressant ! Justement, j’aurai besoin d’un peu d’aide en anglais, tu crois que tu pourras t’arranger pour me caler un créneau ? Et si après quelques cours particuliers, j’obtiens un 12/20, tu acceptes mon invitation à aller au ciné ?
Ty

Il avait su que la jeune Seconde donnait des cours et il tenait l’information d’une source sûr, jamais elle ne pourrait prétendre ne pas en donner, il serait lui apporter les preuves qu’elle s’aventurait à mentir et qu’il était très bon à ce jeu là, si jamais elle voulait concourir à ses côtés. Seulement, il avait menti, il était loin d’être mauvais en anglais mais ce n’était pas ses bulletins qui allaient faire penser le contraire. Il tendit triomphalement le tout à Jeremy qui ferait encore une fois la transition, et bien qu’il sentait le regard de quelques pimbêches se poser sur eux, curieuses de savoir ce qu’il pouvait bien avoir à dire à la copine d’un « looser », il resta mystérieux jusqu’au bout. Mais les paroles de mademoiselle James prenaient soudain un tout autre intérêt, semblait-il. Elle venait de légèrement hausser la voix pour demander des volontaires pour attirer l’attention sur la déclaration qu’elle s’apprêtait à faire, s’éclaircissant modestement la voix, au passage.

- « En général, la partie pratique est beaucoup plus riche pour les élèves, elle leurs permet de s’exprimer et de nous montrer de quoi ils sont capables, afin qu’en tant que professeur, je puisse les évaluer et les aider à améliorer leurs performances… Je crois qu’une démonstration s’impose ! Et pour cela, rien ne vaut le célèbre chef d’œuvre de ce bon vieux William Shakespeare : « Roméo et Juliette ». Des volontaires ? Il me faut un garçon et une fille ! »

Elle voulait faire passer un petit exercice pratique pour faire une démonstration de ce que faisaient les élèves de l’université au cours de nombreuses répétitions, seulement, personne ne semblait assez courageux pour se désigner. C’est alors, qu’avec une certaine insistance, très emballée à l’idée de voir la reconstitution d’une scène de la célèbre pièce Anglaise, elle désignait Jodie du doigt, avec insistance, lui demandant de lui rappeler son prénom, tant qu’à faire. La capacité de réflexion de Tyler se fit alors plus rapide que celle d’un lynx lancé en cavale dans la lueur du crépuscule ! Il sauta presque littéralement sur la main timide de Jeremy, devant lui, qui s’élevait, laissant présager qu’il se désistait pour jouer le Roméo de cette trop charmante Juliette pour qu’il s’agisse de lui dans le rôle de Roméo. Il n’avait qu’à jouer Mercutio ! Tyler se levait déjà, sous le regard amusé de Jay qui associait son comportement à sa volonté de faire succomber Jodie à ses charmes de Don Juan, ne soupçonnant même pas une part d’espoir pour le jeune homme, là dedans. Mademoiselle James semblait l’accueillir à bras ouvert au devant de la scène, comme s’il était le sauveur de la situation et qu’une grande succession de rayon lumineux de l’Astre Céleste venait soudain de l’éblouir, jaillissants de sa position…

- “ Je peux être ton Roméo ! ”

S’était-il exclamé, sans la moindre gêne, convoitant avec malice le regard désinvolte de filles jalouses, ainsi que celui de Jeremy qui avait cru qu’il pourrait faire autre chose que tapisserie, qui avait cru dur comme faire que son heure de gloire s’était annoncée…

- « Avec plaisir… Tyler, c’est ça ? Tu vas jouer notre beau Roméo ! Voici le script ouvert à la page de l’acte I, scène V. Tu n’auras qu’à commencer au moment où Roméo tient la main de Juliette, et vous terminerez à : « Vos lèvres ont effacées le pêché des miennes », juste après que Roméo ait donné un baiser à sa dulcinée ! »

Elle posa joyeusement sa main sur son cœur, pressait de voir ça. Oh, bien sûr, elle le précisa qu’un simple baiser voler suffirait puisqu’ils ne devaient peut-être pas êtres habitués à jouer la comédie en publique, tout deux. Personnellement, s’il adorait autant les pièces de Shakespeare, c’était toujours pour la même et admirable raison : elles étaient bien écrites, certes, mais les professeurs étaient de vrais addict des passages où Roméo devait donner un baiser à sa tendre, de quoi en faire baver plus d’un… En général, ils préfèrent la scène du balcon mais tant qu’il pouvait effleurer les lèvres de Jodie grâce à ce stratagème, qu’importe qu’il s’agisse de la scène du balcon ou non. Il jeta un petit coup d’œil à Jeremy qui devait se mordre les doigts d’avoir loupé son tour, vraiment, c’était tellement réjouissant de le voir bouder…

- « Allez-y, je vous en pris, montez sur la scène, et n’oubliez pas que votre publique vous observe et qu’au début de la scène, il ne faut pas oublier l’action, mise entres parenthèses, qui est spécifiée dans le script ! Ce n’est qu’un essai mais j’espère que vous allez nous impressionner ! »

*Compte là-dessus…*

C’était pas croyable, encore cette même écriture, encore Tyler. Etait-il aveugle ou juste simplement demeuré ? Ou mieux, ne voulait-il rien entendre ? Jeremy avait lu la réponse de Jodie, sans savoir si elle acceptait ou non, et il était totalement fou de joie, la lecture lui avait donné un sourire satisfait sur le visage, le faisant ressemblé à s’y méprendre à une grenouille. La jeune fille s’était toujours demandée si Jeremy était amoureux d’elle... Non pas qu’elle en ait eu l’envie, mais à chaque fois qu’un garçon s’intéressait à elle, ce dernier était toujours là pour lui dire ce qu’elle devait faire ou ne pas faire. Et il s’avérait qu’il y avait plus de chose qu’elle ne devait pas faire...
Elle prit une nouvelle fois le stylo voyageur qui contenait un mot comportant ces quelques lignes :

J’ai entendu dire que tu donnais des cours… intéressant ! Justement, j’aurai besoin d’un peu d’aide en anglais, tu crois que tu pourras t’arranger pour me caler un créneau ? Et si après quelques cours particuliers, j’obtiens un 12/20, tu acceptes mon invitation à aller au ciné ?
Ty

Et c’est à ce moment là qu’elle s’était inquiétée de la santé mentale de ce pauvre garçon. Mais alors qu’elle farfouillait à nouveau à la recherche de son stylo à plume, elle sentit un nombre incalculable de regard tourné vers elle. Croyant que c’était à cause de sa correspondance secrète avec Tyler, elle jeta le tout dans son sac, jeté les preuves, c’était la première chose à faire, en cas de faute. Mademoiselle James lui demandait maintenant son prénom. Oh merde, ça c’était la honte.

« Euh... Jodie »

Finalement, ce n’était pas du tout ce qu’elle croyait, cette femme lui demander de monté sur scène pour jouer un acte d’une pièce de théâtre. Et pas n’importe laquelle : celle de Roméo et Juliette. Comme si elle avait besoin de ça en ce moment ! C’était à croire que les professeurs de théâtre étaient accros à cette pièce. A chaque fois il fallait que ce genre de truc tombe sur elle. Une fois qu’elle fut montée sur la scène, elle jeta un regard lourd de demande à Jeremy, histoire qu’il se désiste, qu’elle ne doive pas jouer cet acte avec un parfait inconnu. Et juste alors que le jeune homme comprenait le message, un autre sortait du coma... Ou il aurait du rester.

“ Je peux être ton Roméo ! ”

Jodie sentit ses joues s’enflammée. Et encore une fois, elle voyait tout ces regards jaloux sur elle, alors qu’elle n’aurait jamais voulu les attisés. Elle prit une pose tout à fait neutre, les bras croisés autour de sa poitrine, comme si elle boudait. Certaines de ses copines de classe la regardaient en souriant, croyant qu’elle était heureuse de faire ce genre de chose avec un garçon aussi charmant. Oh oui, ça aurait était génial... Si ça n’avait pas était Tyler. D’ailleurs, ce dernier montait lui aussi sur scène, prenant en main au passage le script que lui tendait Mademoiselle James. Celle-ci souriait, parfaitement émue de ce qui allait suivre. Et sa dernière phrase, fit venir le cœur de Jodie au bord de ses lèvres. * Un baiser ? Comment ça un baiser ? Tu rêves ma vieille ! Et toi tu rêves encore plus espèce de petit con. *
La professeur allait se mettre dans un coin sombre de la scène, pour préféré finalement descendre s’asseoir sur les sièges, comme les autres, une spectatrice parmi tant d’autres... Jodie fixait le sol, prête à se mordre les doigts à la moins incartade... Soudain, et une nouvelle fois encore, la voix de Tyler se fit entendre, il récitait le début de l’acte, bientôt... ça allait être le tour de la jeune fille.

Mademoiselle James semblait tellement dans son élément que quiconque aurait pu définir sa surexcitation comme étant de l’hystérie théâtral. Tyler n’avait jamais eu assez d’argent pour prendre des cours de théâtre mais l’envie d’essayer l’avait déjà démangeait plusieurs fois. Mais il n’en n’avait jamais parlé à ses parents, son père n’aurait pas comprit et aurait été capable de jouer son homophobe en le comparant à un rabat-joie efféminé qui porterait la honte sur lui, et quant à sa mère, elle était décédée beaucoup trop tôt pour cela, et puis jamais il ne l’aurait incité à travailler plus pour avoir de quoi lui payer un loisir extrascolaire, elle s’était déjà bien assez tué au travail, pour quoi ? Récolter un salaire de misère, à chaque fois.

Selon lui, il fallait bien être un inculte pour ne rien savoir de : « Roméo et Juliette », ce chef d’œuvre ! A défaut de ne jamais avoir vu ou lu la pièce, celui, dans cette pièce, qui ne savait même pas avant de venir ici que Shakespeare s’appelait William, est vraiment un minable… Pire, ce n’est pas de la maladresse, c’est une offense pour ces dames qui rêve de trouver leur Roméo, sur cette dite planète pleine d’emmerdes ! Tyler n’avait jamais pu se payer de quoi assister à la représenter de cette célèbre pièce, rejouer des tonnes et des tonnes de fois par des troupes d’acteurs différents, des jeunes et des moins jeunes, qu’ils soient novices ou aient déjà une certaine notoriété dans le métier. Cependant, il n’était jamais bien compliqué de se procurer les textes, un peu de ruse et le tout est dans la poche…

En empoignant le script que lui tendait le professeur, complètement prête à mouiller sa petite culotte –prend en de la graine, Dean !-, Tyler adopta une démarche légèrement hautaine, de quoi faire bien remarquer à tous les petits puceaux qui étaient dans la salle, que lui, au moins, n’avait pas que de la gueule et allait jusqu’au bout de ce qu’il entreprenait, quitte à ce que le défi soit semer d’embûches. D’ailleurs, pour montrer qu’il avait un tantinet de culture générale, contrairement aux jugements hâtifs de bien des envieux, et qui aller à coup sur épater la rousse à lunettes noires, il s’exclama de sa voix naturellement grave et masculine :

- “ Mon corps est un jardin, ma volonté est son jardinier ! ”

De Shakespeare lui-même ! Mademoiselle James se réjouit et applaudit gaiement dans ses mains, tandis qu’un peu plus haut, la bande de potes de Tyler enfoncés leurs doigts dans leur bouche pour lui siffler des encouragements, et Jay, de son côté, hurlait : « Va s’y, t’es l’meilleur ! ». Il lui adressa même un petit clin d’œil dont il connaissait parfaitement l’origine. Il l’encourageait à séduire Jodie de n’importe quelle façon, pourvu qu’elle termine dans son lit pour enfin ne plus être surnommer la : « p’tite pucelle » par tous les coureurs de jupons du lycée, grâce à eux… grâce à Tyler qui n’avait pas vraiment besoin de redorer son blason, depuis la rumeur qui avait tourné sur ce qu’il avait fait avec la professeur d’histoire. Lorsqu’une aguicheuse, miss Héléna, une Première complètement snob, avait sortit les griffes, pour lui demander si tout ce que l’on racontait à propos de la nuit de folie qu’ils avaient passés à coucher ensemble, était bien vrai, il lui avait malignement laissé le bénéfice du doute et aimer ça. Il était bon pour ça, même !

- « Jodie, tu es une Juliette amoureuse de son Roméo, prête à renoncer à être une Capulet, pour lui… Tu dois faire ressentir tout ça au public ! Et pour ce qui est de Roméo, il aime la poésie et la subtilité, Juliette devient sa définition de l’amour… Il va se montrer têtu pour renier un peu les principes qui devraient le porter loin d’elle, alors, n’hésitez surtout pas à dégager une certaine passion ! »

Elle avait regardait Jodie puis Tyler à tour de rôle, et les avaient ensuite gratifier d’un énorme sourire. Tyler s’était lui-même risquer à chercher le regard fugace de sa Juliette qui semblait bouder mais sans succès. Mademoiselle James fit le tour de la scène pour regagner sa place, dans les gradins, afin de devenir une spectatrice elle aussi, et tamisa légèrement l’éclairage du théâtre qui avait dû nécessiter une petite fortune, de la part du budget de l’université. Les choses sérieuses pouvaient commencer ! Tyler jeta un furtif coup d’œil aux spectateurs qui pour l’instant attendaient surtout de voir de quoi ils étaient capables, et puis son regard bleuté pastel s’attarda sur le script qu’il tendit directement à sa Juliette, un petit sourire raduisant sa surprise. Elle devait penser qu’il essayait de l’impressionner en jouant son petit malin, qu’il serait incapable de réciter les passages sans le script et leur mettraient la honte en improvisant n’importe quoi mais lui, de toute façon, savait déjà les répliques par cœur pour l’avoir lu plusieurs fois. De ce fait, il entra assez spontanément dans son rôle, attrapa la main tiède, voir moite de sa camarade et s’exclama tout haut, sur un ton clair et assez fort pour que les élèves les plus éloignés suivent aisément la pièce :

- “ Si j'ai profané avec mon indigne main cette châsse sacrée, je suis prêt à une douce pénitence : permettez à mes lèvres, comme à deux pèlerins rougissants, d'effacer ce grossier attouchement par un tendre baiser. ”

Assez surprenant de le savoir capable d’une tel aisance à jouer le rôle de Roméo, et pourtant, il s’appliquait, comme s’il avait fait ça toute sa vie. Dean mordit son poing, chuchotant à Jay qu’il s’embarquait encore les deux pieds dans le plat dans un plan à la con et tout ça, rien que pour mettre Juliette dans son lit. Il l’admirait, oui, il l’admirait, sans se douter qu’il ne tournait pas autour de Jodie juste pour le sexe mais peut-être pour la même passion qui animait la volonté de Roméo à aimer coûte que coûte, malgré les interdits. Il serait banni de Verône, et alors…

Jodie se contentait toujours de fixé le sol, en fait, elle ne savait plus ou se mettre. Tyler n’arrêtait pas d’essayer de lui en mettre plein la vue par l’intermédiaire de Mademoiselle James, lui récitant des paroles de Shakespeare qu’il connaissait par cœur. Sa voix était grave, et mélodieuse, et cette femme rousse aux grosse lunettes noires semblait en extase devant lui, comme la plupart des filles de la pièce, et peut-être même de certains garçons... Ses potes n’arrêtaient pas de lui hurler des encouragements, et Jodie savait très bien comment décoder ce genre de correspondance masculine. Lorsqu’ils disaient « va y t’es l’meilleur » cela voulait dire qu’il l’aurait, ce soir au plut tôt, s’il s’en donnait la peine, et lorsqu’ils lui faisaient des clins d’œil, ça voulait dire, elle se jetterai directement dans tes bras si elle n’était pas si timide. Mais Jodie était tout sauf timide, elle était seulement prudente. Mademoiselle James s’adressait à nouveau à elle, essayant sans doute de faire à ce qu’elle se mette un peu plus dans la peau du personnage, mais comment pouvait-elle faire, vu le degré auquel elle était gênée. Les lumières se tamisaient... Tous les yeux étaient tournés vers eux... Il allait falloir qu’elle assure. Tyler lui tendait, presque héroïquement, le script, lui-même le connaissant déjà par cœur. Il avait eu raison de le lui donner, parce que bien qu’elle l’ait lu une bonne dizaine de fois, elle était parfaitement incapable de le réciter de tête. Elle le lui prit rageusement des mains, perdant son regard dans le magnifique bleu des yeux du jeune homme, alors qu’il récitait la première phrase. Jodie fit mine d’être intéressée, puis mit un doigt à la limite de sa gorge, imitant une nausée. Des petits rires s’échappèrent des rangs d’élève alors que Mademoiselle James laissait échappé un petit souffle offusqué. Jodie mit le script devant ses yeux, et lu sa phrase, pour ne pas paraître impolie...

« Bon Pèlerin, vous êtes trop sévère pour votre main qui n’a fait preuve en ceci que d’une respectueuse dévotion. Les saintes mêmes ont des mains que peuvent toucher les mains des pèlerins, et cette étreinte est un pieux baiser. »

Jodie faisait exprès d’exagéré sa voix du plus qu’elle pouvait, histoire de faire une pitrerie, servant à déconcentrer Tyler. Elle voulait le voir rire. Voir s’il en était capable... Voir s’il oserait, devant ses potes, rire, alors qu’il était complètement fermé sur lui-même. Elle fit même une grimace avec sa petite frimousse pour amuser la galerie. Ce n’était pas une pièce sensée être drôle, mais Jodie avait envie de rire de cette affaire. C’était tellement étrange qu’elle se retrouve sur cette scène en train de joué Juliette, alors q’un mec qui la voulait dans son lit se tenait devant elle, jouant Roméo alors qu’il n’avait strictement rien pour l’être.

Tyler ne fit tout d’abord pas très attention à la provocation de sa partenaire qui se jouait légèrement de lui, bien que le comportement de sa Juliette l’interloquait quelque peu. Il jeta un coup d’œil à mademoiselle James qui la regardait de travers alors que certaines rangés d’élèves s’étaient mit à rire. La rousse aux grosses lunettes tourna finalement son regard vers Tyler lui-même, l’incitant à poursuivre la pièce dans la plus totale des politesses. Il essayait de rester concentré, et pourtant, la situation lui donnait envie de se permettre de déconner avec Jodie. Il n’en n’avait encore jamais eu l’occasion et voulait la saisir mais devant ses potes, était-ce une bonne idée ? Se rendraient-ils compte de quelque chose ? En tout cas, il s’appliquait à serrer les dents pour retenir un pouffement de rire au fond de sa gorge, bien qu’il menaçait de tout lâcher, et qu’en plus la voix exagérée de Juliette déformait comiquement l’aspect dramatique et romantique de la pièce... Il ne l’avait jamais pensé aussi libre, le fait de se donner en spectacle comme cela, surtout au beau milieu de l’amphithéâtre de sa prochaine destination scolaire, certainement. Tyler observait les petites grimaces de la jeune femme tirer sur les jolis traits de son visage. Elle avait une chevelure si soigneuse et brillante… Dur, dur de se concentrer. Tyler aurait bien prié Juliette de lui tendre le script un instant parce que dans ces conditions, c’était beaucoup plus difficile de se remémorer le texte de tête mais après tout, il n’allait pas se laisser ridiculiser…

- « Je vous en conjure, un peu de sérieux, jeunes gens, s’il vous plaît ! Si vous n’êtes pas capable de respecter l’œuvre de Shakespeare, descendez tout de suite de cette scène et laissez deux autres de vos camarades présenter cet acte à votre place ! »

Et puis quoi encore ? Tyler la regarda d’un air franc comme s’il se moquait intérieurement de la planche à pain qui venait d’attiser encore un peu plus son envie de rire. Si jamais leur prestation déraper, cela semblait être la fin du monde, pour cette professeur de théâtre, et bien tant mieux, une raison pour s’en donner à cœur joie. Tyler qui n’aimait être : « obliger de ! », expira enfin le rire qu’il retenait dans sa trachée, et s’empara de Juliette en la saisissant délicatement par le dos, glissant son bras gauche sous ses genoux. Elle adoptait à présent la posture des petites princesses, qu’elle ne veuille ou non, et bien qu’il jouait avec le feu en faisant cela, plus persuadé d’entrer dans son délire qui allait contre la tolérance de mademoiselle James que de s’attirer les foudres de cette chère Jodie, il s’exclama, en exagérant lui aussi l’accentuation de ses mots pour que le tout ressemble à la caricature d’un preux chevalier :

- “ Les saintes n'ont-elles pas des lèvres, et les pèlerins aussi ? ”

Les filles mortes de jalousies en voyant la scène qui se déroulait sous leur yeux, comme si Tyler leur était infidèle alors qu’il se moquait tout bonnement d’elle, se mirent à croiser les bras, ressemblant à de petites filles à maman carrément capricieuse. Mais les contrarier n’allait rien changer à sa vie, il était amoureux de ces pimbêches uniquement dans leurs rêves les plus illusionnistes. Jodie n’était pas très lourde, et jusque là, elle lui avait donné aucune gifle, que devait-il en conclure ? Jay ne perdait pas une miette du spectacle plus captivant que précédemment, qui s’offrait à lui. Sans doute pensait-il que Tyler prenait enfin les choses en main en n’y allant pas de main morte, mais pour être honnête, le jeune homme était plutôt incertain de tout ce qu’il faisait. Jodie avait chuter dans l’estime de mademoiselle James en même pas l’espace de quelques secondes, et s’il voulait tenter de li ouvrir les yeux, autant chuter avec elle pour lui montrer que ça ne le dérangeait pas. Le pion tirait une drôle de tronche, prêt à monter tirer les oreilles de se grand Terminal de Tyler qu’il haïssait depuis déjà trois ans mais un évènement purement imprévu le coupa dans son élan, laissant tout le monde sur le cul. C’était Jeremy qui se levait haineusement et s’exclamer, brandissant son bras en direction du binôme qui customisé la célébrissime pièce de William à leur sauce :

- « Je l’aime !! »

Tous les grands yeux se tournèrent sans exception vers lui, si bien que le pion en avait totalement oublié pourquoi il s’était levé. Tyler avait inconsciemment refermé un peu plus son étreinte sur Jodie, peut-être de peur qu’elle n’aime ce crétin ? Et mademoiselle James semblait scotchée, sans doute ne reprendrait-elle plus jamais de classes d’initiations, après ça. Ou peut-être pensait-elle à un coup de théâtre bien approprié et n’en tiendrait pas réellement compte après que l’on lui est dit que tout ça n’était qu’un brave gag ? Seulement, aucune caméra, personne pour sauver la situation. Tyler qui pouvait sentir le malaise de sa Juliette, s’exclama afin de contenir un peu les ardeurs de Jeremy qui semblait vraiment s’être laissé emporter par son brin de folie :

- “ La nounou de Juliette n’est pas censée intervenir dans ce passage de la pièce ! ”

Jeremy se rassit immédiatement, lançant un regard de détresse en direction de Jodie. Tout le monde se moqua ouvertement de Jeremy... et de Jodie, comme si elle aussi avait voulu de cette déclaration vraiment banane de la part du « looser » numéro un de leur lycée. La bande d'acolytes de Tyler montrait du doigts Jeremy qui semblait désemparer. Tyler avait souhaité que sa remarque bien placé n'aurait pas déchainé le reste du groupe et que Jeremy aurait raisonnablement quitté la pièce mais il ne l'avait pas fait. Il lui en voulait car peut-être qu'à cause de lui, Jodie partirait, réagirait très mal au fait qu'elle soit encore dans ses bras alors qu'il se sentait bien, comme ça. Il avait simplement cru détendre l'atmosphère entres ces deux-là...

La scène se déroulait comme en avance rapide sous les yeux de Jodie. Elle qui avait espéré que Tyler se déride, elle n’en avait pas attendu tant de lui. Alors il n’avait pas peur du ridicule ? Peut-être qu’il n’était pas entièrement comme elle l’avait pensé. Mais elle n’avait jamais pu s’empêcher de se demandé ce qu’un mec de son age pouvait vouloir d’une fille comme elle, si ce n’était l’avoir dans son pieu, se vanté, et la jetée ensuite... C’est aussi ce que Jeremy disait toujours. Et aussi Brooke... La grande sœur de Jodie, l’ex copine de Tyler. C’était une histoire qui faisait beaucoup de peine à la jeune fille parce qu’elle pensait que Tyler pouvait avoir envie de se servir d’elle pour atteindre Brooke. Mais elle n’était pas un objet, elle n’était pas une fille à usage unique. Néanmoins, en ce moment même elle était en train de rire, se moquant bien que la professeur soit à la limite de faire un infarctus, de toute façon elle ne la reverrait pas avant l’année prochaine, si tout ce passait bien. Soudain, Jodie fut soulevée de terre, et alors qu’elle riait encore, elle sentit ses jambes coincées par un bras puissant et musclé. La vache c’est que c’était pas de la camelot ce Tyler. Elle riait toujours de son petit rire cristallin et sa voix toujours teinté des nuances de celle qu’elle avait étant enfant, perchée au dessus de tout le monde. Elle pouvait voir ces filles mortes de jalousie envers elle, et pour la première fois depuis le début de ce petit numéro, elle en était bien contente. Finalement, c’était elle que Tyler avait choisit, et aucune d’entre elles. Elle cessa enfin de rire, cherchant un équilibre et espérant ne pas être trop lourde pour le jeune homme qui sans doute devenait rouge comme une tomate sous l’effort. Pourtant, il continuait de réciter la pièce, comme si rien ne se passait, comme s’ils n’étaient pas en train de tout foutre en l’air.

« Oui, pèlerin, des lèvres vouées à la prière. »

Et enfin, elle vit les amis de Tyler, cette bande de demeurés qui semblaient encore pire que lui. Elle perdit instantanément son sourire, pourtant elle s’amusée encore. Et puis, le pire de tout ce qu’elle avait pu imaginé, se produisit. Au fond d’elle, elle avait toujours sur que Jeremy était amoureux d’elle, il lui était même arrivé d’imaginer comment il allait le lui dire, mais jamais au grand jamais, elle n’aurait pensé qu’il puisse lui faire une chose pareille. Peut-être qu’elle avait eu parfaitement raison en pensant que Jeremy lui avait fait un bourrage de crâne à propos de Tyler pour la simple raison qu’il la voulait secrètement rien que pour lui. Elle sentait le rouge lui monté aux joues, et la haine en même temps, Jeremy n’avait pas le droit de lui faire une chose pareille, elle était sa seule et unique amie, la seule qui avait bien voulu l’approché, la seule qui avait accepté de traîner avec lui envers et contre tous ce que les autres en pensaient, renoncent à la popularité qu’elle aurait pu entretenir. Il était ignoble... Et tout le monde riait. Tyler essayait de reprendre la situation en faisant une petite blague à l’intention de l’élève boutonneux, mais c’était encore pire... Ce dernier venait de se rasseoir, comprenant sans doute qu’il avait fait une bourde. Jodie en avait presque les larmes aux yeux alors qu’elle le regardait, perdant presque contenance. Jamais elle n’avait était autant humiliée.

« Pose moi s’il te plait. »

Une fois que ce fut fait, la jeune fille n’eu même pas le courage de passer entre les rangées de siège pour s’enfuir de la salle, elle prit donc l’initiative d’aller dans des coulisses qu’elle ne connaissait même pas. Elle entendait Mademoiselle James dire aux élèves :

« Calmez vous et laissez les tranquille, Jodie va allez se détendre dans les coulisses et nous allons prendre deux autres élèves. »

Se détendre ? Comment pouvait-elle seulement songé à se détendre ? Son cœur battait la chamade. Il n’empêche qu’elle songeait que Jeremy devait être encore plus mal en point qu’elle, mais finalement elle s’en fichait bien, elle n’oserait plus jamais lui adresser la parole. D’ailleurs, il était fort probable qu’elle n’ose même plus se montrée en publique ! Attendez... comment ça deux autres élèves ? Cela voulait il dire que Tyler n’était plus sur la scène non plus ? Jodie accéléra légèrement le pas, entrant dans une petite salle sans porte qui ressemblait à une salle de bain, elle s’assit sur le rebord d’un lavabo et mis son visage entre ses mains. Elle n’allait pas pleuré, non, elle se l’interdisait depuis bien des années. Elle était seulement accablée...

» Jodie Umphrey.